Henry IV et le paysan

C'est probablement durant le séjour du seigneur François de Cugnac, marquis de Dompierre, au château de Boucard, près de Sancerre, que s'est passé l'anecdote suivante :
Henri IV chevauchait un jour en avant de sa suite et traversait tout seul la ville de Bois–Belle pour se rendre à Boucard où il devait y avoir ce jour là même une réception officielle ; sur son chemin, il vit un jeune paysan dont l'allure précipitée le frappa.
– Où vas–tu donc en si grande hâte, mon ami, lui demanda le roi en arrêtant son cheval.
– Monsieur, répondit le paysan, je m'en vais voir le roi de Paris, que notre prince a fait venir à Boucard.
– je me rends aussi à cette résidence, répliqua Sa Majesté, monte en croupe, mon cheval est bon, il nous portera bien tous les deux.
Le paysan secoua la tête en se grattant l'oreille ; il ouvrait de grands yeux et restait bouche béante ; car si, d'une part, la proposition du cavalier le tentait fortement, de l'autre, il se sentait quelque peu intimidé par la bonne mine de son interlocuteur : cependant, celui–ci ayant renouvelé son offre obligeante, le paysan se décida à l'accepter. Le voici donc en croupe, heureux comme un prince, et ne se doutant guère de l'honneur qu'il avait d'en escorter un d'aussi près. Chemin faisant, le roi fit jaser son compagnon : une seule chose inquiétait vivement celui–ci, il ne devinait pas comment il s'y prendrait pour reconnaître le roi au milieu de tous les grands seigneurs de sa cour : « Rien de plus facile, lui répondit Henri IV, tu n'auras en arrivant à Boucard qu'à regarder celui de tous les cavaliers qui gardera son chapeau sur la tête, tandis que les autres resteront tête nue devant lui…»
Arrivés à destination, nos deux voyageurs furent entourés et salués par la foule de courtisans, parmi lesquels la vue et la tournure de paysan excitèrent une hilarité que le respect dû à la présence royal contenait à peine : « Eh bien, mon ami, lui demanda le prince en tournant son visage vers celui–ci, reconnais–tu le roi maintenant ? – Nenni, monsieur, répondit l'homme des champs à moins cependant que je le seyions l'un ou l'autre, puisque j'avons seuls nos chapiaux sur nos têtes…»
A CECIL



30/04/2007
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